Apprendre à gérer la frustration dès l’enfance : un cadeau pour la vie
- Virginie Marquès - Vit'harmonie

- 2 mai
- 4 min de lecture
Dans une société où tout est accessible rapidement, où une simple pression sur un écran peut satisfaire un besoin immédiat, il devient essentiel d’enseigner aux enfants la valeur de l’attente et de la patience. Pourtant, apprendre à gérer la frustration est souvent perçu, à tort, comme une épreuve douloureuse pour l’enfant. En réalité, c’est un véritable cadeau éducatif que nous lui offrons, car c’est dans cette capacité à différer la satisfaction que se construit l’équilibre émotionnel futur.

L’enfant face à l’immédiateté
Dès leur plus jeune âge, les enfants d’aujourd’hui grandissent dans un environnement où l'immédiateté est la norme :
Ils obtiennent un dessin animé en quelques clics.
Les jeux vidéo offrent des récompenses instantanées.
Les achats en ligne arrivent le lendemain.
Cet accès permanent à la satisfaction immédiate rend l'attente non seulement inhabituelle, mais parfois intolérable. Pourtant, la vie réelle fonctionne autrement : dans le monde du travail, dans les relations humaines, dans la réalisation de projets personnels, l'effort, la persévérance et l'attente sont indispensables.
Sans apprentissage progressif de la frustration dans l’enfance, beaucoup d'adultes se retrouvent démunis face aux inévitables retards, échecs ou refus que la vie mettra sur leur chemin.
Pourquoi la frustration est-elle essentielle au développement ?
Contrairement à une idée reçue, la frustration n'est pas négative en soi. Lorsqu'elle est dosée et encadrée avec bienveillance, elle permet :
D’apprendre à tolérer l’attente.
De renforcer la confiance en soi en réalisant qu’on peut survivre à un désir non satisfait immédiatement.
De développer la capacité d’adaptation face aux imprévus.
De construire la persévérance pour atteindre ses objectifs.
D’apprécier davantage ce qui a été obtenu avec effort.
Un enfant à qui l’on apprend à supporter de petites frustrations devient, plus tard, un adulte capable de gérer les défis de la vie sans s'effondrer à la moindre contrariété.
Frustrer "dans la limite du raisonnable"
Bien entendu, il ne s'agit pas de provoquer des frustrations inutiles ou d'adopter une posture autoritaire excessive. Frustrer un enfant de manière saine, c'est :
Fixer des limites claires avec amour et constance.
Ne pas céder immédiatement à toutes ses demandes, même si cela provoque pleurs ou colère.
L’accompagner émotionnellement pour l'aider à traverser sa déception.
Lui apprendre à attendre, à différer la récompense.
Par exemple, si un enfant veut un jouet en plein supermarché, au lieu de céder tout de suite ou de crier, on peut lui dire calmement : « Ce jouet n’est pas prévu aujourd’hui. Nous pourrons en parler pour ton anniversaire ou une autre occasion. »Le but est que l’enfant ressente qu'il est entendu dans son désir, mais que ce désir n'est pas automatiquement satisfait.
Les conséquences d'un manque d'apprentissage de la frustration
Un enfant qui n'apprend pas à gérer la frustration risque, devenu adulte, de rencontrer des difficultés :
Impulsivité : agir sans réfléchir face à un obstacle ou une émotion.
Intolérance à l’échec : abandonner à la première difficulté.
Dépendance affective : attendre des autres qu'ils comblent immédiatement ses besoins émotionnels.
Manque de persévérance : difficulté à mener des projets longs ou exigeants.
Frustration chronique : se sentir sans cesse insatisfait, même quand tout semble aller bien.
À l’inverse, un enfant à qui l'on enseigne l'acceptation progressive de la frustration développera une capacité d’adaptation, une force intérieure et un sentiment de fierté face à ses réussites.
Comment accompagner l’apprentissage de la frustration au quotidien ?
Voici quelques pistes simples pour aider un enfant à apprivoiser cette compétence essentielle :
1. Valoriser l’effort, pas seulement le résultat
Encourager l'enfant lorsqu'il persévère, même s'il n'atteint pas immédiatement son but :« Tu t'es donné beaucoup de mal, c'est super ! Continue, tu vas y arriver. »
2. Poser des limites cohérentes
Les règles doivent être claires, compréhensibles, et appliquées de manière constante. Cela rassure l’enfant et lui montre qu’il ne peut pas tout obtenir à n’importe quel moment.
3. Introduire des petits défis d’attente
Par exemple, attendre quelques minutes avant de manger un dessert, patienter pour ouvrir un cadeau, retarder une sortie de quelques instants… Autant d’occasions d’entraîner la patience de manière ludique.
4. Accueillir les émotions
Frustrer un enfant, c’est aussi accepter qu’il soit triste, en colère ou déçu. L’accompagner sans minimiser ses émotions est fondamental :« Je comprends que tu sois déçu. C’est difficile d’attendre, mais tu es capable d’y arriver. »
5. Être un modèle
Les enfants apprennent par imitation. Montrer nous-mêmes que nous savons attendre, différer un achat, patienter dans une file d’attente, sans stress excessif, est une leçon puissante.
La frustration, une force intérieure pour la vie
Accompagner un enfant dans la gestion de la frustration n'est pas toujours facile pour un parent : il faut résister à l'envie de tout donner immédiatement pour éviter les larmes ou les crises. Mais derrière cet effort d’éducation se cache une grande récompense : former des adultes capables d'affronter la vie avec résilience, patience et confiance.
Car la réalité est là : la vie ne donne pas tout tout de suite. Et c'est précisément ce qui en fait toute sa richesse.







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